dimanche 18 octobre 2015

Exercices négatifs



C'est tout le drame de l'insouciant grabataire volontaire, encouragé par le grand patron Schopenhauer, les bienheureux reclus taoïstes et un tempérament qui le porte à ces extrémités olympiques de l'inaction. Le luxe de disposer des trois tiers de ses journées a ses inconvénients. Je passe tout mon temps à me prélasser en fumant, en savourant du chocolat, etc…, je ne fais strictement rien, à part descendre tous les Pepito, les chips à l'ancienne, les pistaches et ne me lève guère que pour aller chercher un autre bout de fromage…
Le simple passage devant un miroir me traduit illico ces euphémismes en des termes plus crus : je ne suis qu'une grosse feignasse qui fait du lard. 
Et voilà que Frédéric Schiffter (un "conscrit" de mézigue, pourtant adepte lui aussi sans vergogne, catégorie olympique, du prélassement dans l'inaction) nous révèle sur son blog l'impeccable qualité de ses abdominaux ! La dose de honte que cela m'a inoculé m'a subito poussé à refaire un peu d'exercice. 
Des pompes (je parviendrai sans doute dans quelques semaines à décoller un peu mon nez du plancher), du jogging sur place (qui doit faire tomber du plâtre sur les claviers des pondeurs de caca-de-taureau dans l'agence de communication à l'étage du dessous), des haltères avec dans une main Le Monde comme volonté et comme représentation et dans l'autre les Cahiers de Cioran, etc… Ce n'est pas gagné ! 
Aussi ai-je commandé en ligne ces merveilleuses pilules miracles, qui "miment" les effets moléculaires de l'exercice physique et vous rendent en une semaine, sans faire le moindre effort, une silhouette de sportif. Ainsi pourrai-je sans rien changer à mon mode de vie  (sans lequel je n'aurais pas conquis la jugeote et la vista dont je puis aujourd'hui me targuer) retrouver la ligne du playboy que j'étais (sans les inconvénients de la tête de con qui dominait alors l'excellence de son buste d'athlète).

L. W.-O.

3 commentaires:

Frédéric Schiffter a dit…

Cher L.W.-O.,

Le surf, pour un balnéaire fanatique, et, en même temps, un cossard absolu dans mon genre, il n'y a que ça pour rester svelte. À force de ramer, j'ai pris des biscotos. À force de me tenir cambré sur la planche, j'ai pris des abdos. Les exercices que vous vous infligez ne servent de rien. Faites comme Cioran: marchez longtemps. La marche, c'est mon truc aussi. Je flâne des heures le long des plages, d'Anglet à Bidart. Pas de montagne. Surtout pas. Question d'élégance. Le sac à dos, tout ça, non et non. Une bonne trotte en ville, oui. C'est bon pour perdre du bide, la marche. En même temps, ça fait cogiter. Pas trop, ce qui est bien. Quand Nietzsche prétendait que les grandes idées venaient en marchant, il se montait le bourrichon, une fois de plus. Il n'y a pas de grandes idées. Ce qui est agréable, c'est de trouver un compagnon ou, mieux, une compagne de balade. Mais, bon, je ne vais pas me mettre à faire le coach. Le chocolat est un humanisme, aussi. Et mon psychiatre me soigne aux pistaches.

À vous,

FS

Luc-Antoine Marsily a dit…

J'ai vraiment à faire à deux pros dans ce délicat domaine de l'otium dans lequel mes origines corses me donnaient un avantage initial appréciable !
Une fois de plus, le donné l'a dans l'os face à l'acquis...
Amitiés.

Pensez BiBi a dit…

Y a marcher et y a faire marcher.
Y a courir et y a courir après ou encore : y a tu peux toujours courir.
Y a du surplace et y a des gesticulations sur mesure.
Au choix, y a le choix.

Pour bibi, les abdos c'est bibidon
Mais pas question pour autant d'être bedeau bedonnant.

Enfin oui,
c'est beau une balade sur la plage avec une compagne
mais sur la page faut répéter une fois encore que
t'es tout seul
t'es tout seul
t'es tout seul