dimanche 1 janvier 2012

"C’est bien évidemment l’idée que je me fais d’une soirée épatante…"

Dorothy Parker at home (by Life)
Je n'ai bien-sûr rien fêté, je me suis couché bien avant minuit pour me lever comme tous les matins bien des heures avant l'aube, et le hasard, ce père Fouettard, m'a remis en mains propres ce cadeau du ciel : un bon vieux recueil féroce de Dorothy Parker, tombé depuis des années derrière les Schopenhauer.
L. W.-O.

"— Tu ne t’es pas amusée ?
— Oh, si ! C’était parfait. Idéal. A ma place, quelle fille aurait donc pu ne pas s’amuser ? C’est bien évidemment l’idée que je me fais d’une soirée épatante : plantée toute seule dans mon coin, pendant qu’un tas de grandes gueules complètement soûles chantent bras dessus, bras dessous, quatre heures d’affilée. Ma parole, j’ai passé le meilleur moment de ma vie. Logique. 
(…)
« Je le savais. Je savais que si je venais à ce dîner, j’allais me retrouver avec ce genre de petite merveille à ma gauche. Ils me le gardent au chaud depuis des semaines. Oh, mais il faut absolument qu’on l’invite — sa sœur s’est montrée si gentille avec nous à Londres ; on n’a qu’à le coller à côté de Mme Parker — elle a bien assez de conversation pour deux. Oh, je n’aurais jamais dû venir. Jamais. Je suis ici contre mon gré. Vendredi, vingt heure trente : Mme Parker contre Son Gré, à statuer. Pas mal, ils pourraient graver ça sur ma tombe : « Où qu’elle se soit rendue - y compris ici - ce ne fut jamais de son plein gré. » Est-ce bien raisonnable de penser à des tombes juste en début de soirée ? Voilà l’effet que mon voisin à sur moi, déjà ! Et la soupe n’est pas encore refroidie. J’aurais dû rester dîner à la maison. J’aurais pu me servir quelque chose sur un plateau. La tête de saint Jean-Baptiste par exemple. Oh, je n’aurais jamais dû venir. 
(…)
Si seulement j’avais quelque chose à faire. Je déteste rester comme ça sans rien faire. Les gens devraient vous prévenir quand ils vont vous asseoir à côté d’un truc pareil pour que vous puissiez apporter de quoi vous occuper. Chère Mme Parker, soyez s’il vous plaît des nôtres à dîner vendredi prochain, et n’oubliez pas vos ouvrages en retard. J’aurais pu apporter le tiroir du dessus de mon bureau ; ça aurait été l’occasion d’y mettre un peu d’ordre, ici, sur mes genoux. Ou bien l’album photo, histoire d’y coller enfin les photos de toute la bande sur la plage. Je me demande si mon hôtesse trouverait ça bizarre que je lui demande un jeu de cartes. Je me demande s’il n’y aurait pas une vieille édition du
St. Nicholas dans les parages. Je me demande s’ils n’auraient pas besoin d’un petit coup de main à la cuisine. Je me demande si ça ne ferait pas plaisir à quelqu’un que je fasse un saut au coin de la rue pour acheter un journal du soir. »

Dorothy Parker, Mais celui à ma droite
The New Yorker, 19 oct. 1929


"The Lady's Reward"


"Lady, lady, never start
Conversation toward your heart;
Keep your pretty words serene;
Never murmur what you mean.
Show yourself, by word and look,
Swift and shallow as a brook.
Be as cool and quick to go
As a drop of April snow;
Be as delicate and gay
As a cherry flower in May.
Lady, lady, never speak
Of the tears that burn your cheek-
She will never win him, whose
Words had shown she feared to lose.
Be you wise and never sad,
You will get your lovely lad.
Never serious be, nor true,
And your wish will come to you-
And if that makes you happy, kid,
You'll be the first it ever did. "
D. Parker

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